Après le magnifique Lunana, qui a valu au Bhoutan sa première nomination aux Oscars, Pawo Choyning Dorji est de retour avec un conte révélateur de la sagesse au pays du «Bonheur National Brut». Alors que le roi décide d’instaurer la démocratie, un moine se lance dans une quête mystérieuse et un touriste américain tente de débusquer un vieux fusil. Un film empli d’humour et d’humanisme.
Au mitan des années 2000, après des siècles d’isolement, le royaume du Bhoutan s’ouvre peu à peu au monde. Tandis que la population vient de découvrir James Bond, la télévision et Internet, le roi décide de moderniser encore son pays en convoquant des élections pour instaurer un régime parlementaire. Comme il faut bien apprendre aux gens à adopter l’exercice démocratique, la jeune Tshering Yangden est envoyée en campagne dans les villages de l’Ura, afin d’organiser des simulacres de votation. Chargé par son lama de trouver deux armes à feu avant la prochaine pleine lune, Tashi, un jeune moine, arpente aussi la région, de même que Ronald Coleman, un touriste américain à la recherche d’un vieux fusil. Leurs chemins vont se croiser dans une verte vallée.
Après Lunana, superbe ode à l’éducation tournée dans un hameau au cœur de l’Himalaya, Pawo Choyning Dorji signe un deuxième long-métrage ancré dans la culture et la spiritualité du pays du «Bonheur National Brut». Avec une simplicité toute feinte et une grande empathie pour ses personnages positifs, le réalisateur bhoutanais y observe avec un humour respectueux une population confrontée à l’arrivée de la démocratie. Face au «progrès» que le roi leur impose, ces adeptes des valeurs traditionnelles bouddhistes s’étonnent d’une nouveauté censée les rendre plus heureux encore. Leur sagesse et leur générosité contrastent formidablement avec la violence du capitalisme, révélant ainsi une autre façon d’être au monde. À la fois drôle, tendre et cocasse, le film s’offre comme une satire de l’Occident et une précieuse leçon d’humanisme.